La qualité de l’air : un enjeu majeur de santé publique en Afrique
La qualité de l’air extérieur est aujourd’hui l’un des principaux défis environnementaux et sanitaires à l’échelle mondiale. Chaque année, la pollution atmosphérique cause des millions de décès prématurés, affecte les écosystèmes, accélère le changement climatique et compromet le développement durable.

L’Afrique, souvent perçue comme moins industrialisée, n’échappe pourtant pas à cette réalité. Au contraire, le continent est confronté à une hausse rapide de la pollution de l’air, notamment dans les zones urbaines, en lien avec l’urbanisation, la croissance démographique, l’usage massif des carburants fossiles, du bois de chauffe, ainsi que le développement de l’industrie et des transports.
Un lourd tribut sanitaire
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que la pollution de l’air extérieur est responsable de plus de 7 millions de décès prématurés par an dans le monde. En Afrique, ce fléau est de plus en plus meurtrier. Selon les données disponibles, plus de 1,1 million de décès prématurés en Afrique sont attribuables à la pollution de l’air chaque année, dont environ 400 000 liés à la pollution de l’air extérieur (et le reste à la pollution de l’air intérieur soit une contribution à 700 000 décès par an).
Les maladies respiratoires chroniques (comme l’asthme ou la bronchopneumopathie chronique obstructive), les maladies cardiovasculaires, les cancers (en particulier du poumon) et les infections respiratoires aiguës chez les enfants sont les principales conséquences sanitaires. Les populations les plus vulnérables — enfants, personnes âgées, femmes enceintes et personnes vivant dans la pauvreté — sont particulièrement exposées.
Quels pays africains surveillent la qualité de l’air ?
La surveillance de la qualité de l’air reste encore très limitée sur le continent. Néanmoins, quelques pays africains ont initié des efforts en ce sens. Parmi eux :
- Afrique du Sud : dispose du système de surveillance le plus développé du continent, avec un réseau de stations de mesure et une diffusion régulière des données.
- Égypte : possède un système national de surveillance de la qualité de l’air géré par l’Agence égyptienne pour les affaires environnementales.
- Kenya : Nairobi a mis en place plusieurs stations de surveillance, souvent en partenariat avec des ONG ou des institutions internationales.
- Ghana : Accra bénéficie de projets de surveillance de l’air, soutenus par des agences comme l’UNEP.
- Nigeria, Maroc, Sénégal et Ouganda : ont également entamé des initiatives, souvent limitées à quelques villes.
La majorité des pays africains ne disposent toutefois ni de stations de surveillance fixes en nombre suffisant, ni d’un système de suivi et de communication structuré à l’échelle nationale.
Quels paramètres de qualité de l’air surveiller en priorité ?
Pour évaluer la qualité de l’air, les principaux polluants atmosphériques à mesurer sont :
- PM2.5 (particules fines inférieures à 2,5 microns) : les plus dangereuses pour la santé humaine car elles pénètrent profondément dans les poumons et la circulation sanguine. Elles sont classées cancérigènes avérée pour l’Homme par l’OMS (Groupe 1).
- PM10 (particules plus grosses mais également nocives). Elles sont également classées cancérigènes avérée pour l’Homme par l’OMS (Groupe 1)
- Dioxyde d’azote (NO₂) : émis par les véhicules et les installations industrielles.
- Dioxyde de soufre (SO₂) : produit notamment par la combustion du charbon et du pétrole.
- Ozone troposphérique (O₃) : formé par réactions chimiques sous l’effet du soleil.
- Monoxyde de carbone (CO) : issu de la combustion incomplète du carburant.
Quels moyens pour surveiller la qualité de l’air ?
Pour mettre en place une surveillance efficace de la qualité de l’air, plusieurs moyens peuvent être mobilisés :
- Réseaux de stations de mesure : installations fixes permettant des mesures continues des polluants. Leur coût est élevé, mais elles fournissent des données précises.
- Capteurs à bas coût : en plein essor, ils permettent une couverture plus large à moindre coût, même si leur précision est moindre. Idéal pour les villes à faibles ressources.
- Télédétection par satellite : utilisée pour obtenir une vision à grande échelle, bien que les données nécessitent souvent validation au sol.
- Modélisation atmosphérique : permet de prédire les concentrations de polluants à partir de données météorologiques et d’émissions estimées.
- Partenariats avec les universités, ONG, start-ups technologiques et agences internationales : essentiels pour bénéficier de compétences techniques et de financements.
Informer et sensibiliser le public
La surveillance ne prend tout son sens que si elle est accompagnée d’un dispositif d’information du public, pour permettre à chacun de prendre des décisions éclairées (limiter l’exposition, adapter les activités physiques, etc.). Pour cela, il est nécessaire de :
- Mettre en place des indices de qualité de l’air (IQA), simples à comprendre (ex. : bons, modérés, mauvais, dangereux).
- Diffuser ces indices quotidiennement via les sites internet officiels, applications mobiles, SMS, panneaux lumineux, ou les médias.
- Intégrer la question de la qualité de l’air dans les programmes éducatifs et les campagnes de sensibilisation.
- Fournir des alertes sanitaires en cas de pics de pollution.
La qualité de l’air extérieur constitue un enjeu de santé publique majeur en Afrique, encore trop sous-estimé. Pour répondre efficacement à ce défi, il est impératif de renforcer la surveillance, d’uniformiser les indicateurs à l’échelle continentale, de mobiliser les ressources nécessaires et surtout, d’impliquer les citoyens grâce à une information transparente et accessible. La lutte contre la pollution de l’air est une condition essentielle pour garantir le droit fondamental à un environnement sain pour tous les Africains.
Vous souhaitez mettre en place la surveillance de la qualité de l’air dans votre collectivité ? Notre bureau d’étude vous conseillera sur les moyens d’y parvenir et vous accompagnera pour sa mise en place.
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